La fin de mon aventure Ivoirienne
Catégorie(s): Coopération volontaire, Côte d'Ivoire, 2019
L’auteure, Karina Fauteux, a été déployée en Côte d’Ivoire en tant que conseillère juridique volontaire dans le cadre du projet « Protection des enfants, femmes et autres collectivités vulnérables (PRODEF) », mis en œuvre par le Bureau international des droits des enfants et Avocats sans frontières Canada (ASFC), grâce à l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise d’Affaires mondiales Canada. Karina a ainsi intégré la Clinique Juridique de San Pedro en 2017, elle y a effectué 2 mandats de 8 mois chacun.
Aujourd’hui, j’ai fait mes valises. Pas mes valises habituelles pour une fin de semaine de vacances hors de la ville ni celles un peu plus grosses pour un congé de trois mois au Canada, mais les vraies. Les valises qui signent la fin de mon aventure ivoirienne. En y rangeant l’ensemble de mes possessions, les souvenirs et les émotions me reviennent.
Au fond de mes sacs, j’y ai d’abord soigneusement mis plusieurs tissus africains (pagnes) significatifs. En Côte d’Ivoire, il est de coutume de faire cadeau d’un pagne lors des grandes occasions. J’ai reçu mon premier pagne à mon premier anniversaire en Côte d’Ivoire. Les membres de l’AFJCI m’avaient fait cadeau de l’un de ses tissus dans lequel j’ai fait coudre une robe. Le second a été reçu en cadeau lors d’une sensibilisation sur les droits des enfants à Kako village. Les chefs du village et ses habitants m’avaient fait cadeau de morceaux dans lesquels j’ai fait faire un haut et une robe. Je les ai tant portés. Mon troisième pagne a été donné en signe de remerciement pour clôturer mon premier mandat. La moitié de ma plus grosse valise est remplie de robes, de pantalons, de hauts et de jupes aux couleurs et aux motifs multiples. Ils représentent tout un pan de la culture ivoirienne, mais aussi la bonne entente, la reconnaissance, le travail d’équipe et l’amitié.
Dans mes placards, j’ai également trouvé deux robes taillées pour la Journée internationale des droits de la femme. À l’occasion de ces journées bien spéciales, les femmes font faire des pagnes à l’effigie de l’évènement. Pratiquement toutes les femmes qui participent aux activités de la journée sont vêtues de ce tissu. Chacune a son modèle pour défendre une cause commune. Je me remémore les défilés organisés pour souligner les efforts déjà fournis pour atteindre l’égalité entre les sexes et les défis qui restent encore devant. L’examen du modèle de cette année dessine un sourire sur mon visage lorsque je repense au moment où j’ai déchiré la fente de ma robe en descendant du véhicule juste avant de donner une formation sur les droits des femmes devant une quarantaine de personnes. Ces robes représentent de bons moments empreints d’un mélange de gêne et d’hilarité partagé avec des femmes extraordinaires qui travaillent à la Clinique juridique de San Pedro.
En faisant le ménage de mes effets personnels, je retrouve également les cartes et les cadeaux d’amis reçus pour mon anniversaire. Je relis avec nostalgie la lettre d’une jeune fille qui m’exprime son attachement et affection dans une carte qu’elle a soigneusement dessinée pour l’occasion. Je retrouve également quelques photos de ces évènements. En près de deux ans, j’ai accompli et vu beaucoup de choses, mais les souvenirs qui resteront le plus vivement gravés dans ma mémoire sont les moments que j’ai eu la chance de partager et les relations que j’ai eu le bonheur de nouer. Ces amitiés, j’ai eu l’opportunité de les avoir parmi mes collègues de travail comme à l’extérieur. J’ai eu une chance incroyable de pouvoir compter sur chacun d’entre eux.
C’était il y a presque deux ans que j’arrivais en Côte d’Ivoire pour la première fois. Je me sentais petite, déboussolée et particulièrement blême après avoir passé la dernière année à me faire bronzer à la lumière des néons d’une bibliothèque. J’étais intimidée par toutes les personnes d’expérience que j’avais la chance de côtoyer et la charge de représentait ma mission. J’étais néanmoins motivée et animée par le désir de contribuer à faire avancer une cause qui me tenait à cœur. Même si mon parcours ne fut pas sans difficulté, j’en garderai un très bon souvenir de même que de nouvelles compétences et expériences. J’espère pouvoir bientôt réentendre un bon vieux Akwaba.